Americana 1999 : un sommet international eau-air-sol


par Nathalie Ross, M.Sc.

 

La 3e édition biennale d'Americana 1999, l'événement des technologies environnementales de pointe des Amériques, s'est tenue au Palais des Congrès de Montréal, les 24, 25 et 26 mars derniers, intégrant un Salon d'exposition et un programme de conférences des plus complets. Quatre cents exposants et 200 conférenciers venus de partout au Canada, mais aussi des États-Unis, d'Amérique du Sud et d'Europe, ont présenté leur savoir-faire sur des problématiques environnementales aussi variées que :

  • La gestion de l'eau potable et de l'eau usée;
  • Les eaux souterraines ­ inventaire et gestion;
  • La gestion des sites contaminés et des matières résiduelles;
  • La gestion de l'air et les changements climatiques;
  • Les marchés internationaux, le commerce et les finances.

L'eau potable : une lutte physico-chimique et microbiologique
La gestion de l'eau potable comporte de grands défis dont ceux de la corrosion du réseau de distribution et du développement microbiologique dans les conduites. Mais encore, faut-il être en mesure de diagnostiquer ces problématiques. À la Chaire industrielle CRSNG en Eau Potable de l'École Polytechnique, on a développé une méthodologie d'expérimentation et d'évaluation de différentes stratégies de contrôle de la corrosion avec des essais à l'échelle laboratoire et de réseau, montrant clairement l'importance de la connaissance du réseau pour une efficacité de traitement.

Autre sujet d'actualité : le protozoaire Crytosporidium, qui demeure un parasite préoccupant étant donné sa pathogénécité pour l'humain et sa résistance aux désinfectants utilisés dans les réseaux de distribution. En vue de son élimination, plusieurs méthodes alternatives à l'utilisation de produits chimiques sont envisageables telles la destruction par les rayons ultraviolets ou l'enlèvement physique par des filtres. Mme Monica B. Emelco de l'Université de Waterloo (Waterloo, Ontario), a présenté des résultats préliminaires de recherche où l'enlèvement des parasites par un filtre triparti (anthracite/ sable/ gravier) atteignait un haut pourcentage en comparaison avec les méthodes traditionnelles. "D'autres expérimentations sont nécessaires afin de définir les conditions opérationnelles des filtres à pleine échelle" a conclut la présentatrice.

L'air : connaissances et protection
Un doute persiste dans la communauté scientifique quant à la part de responsabilités des activités humaines dans les changements climatiques actuels. Par contre, comme l'a souligné Mme Jacinthe Lacroix de la Direction régionale de la sécurité civile de Montréal (MSP), des études ont clairement démontré des variations du climat depuis le siècle dernier à savoir : (1) une augmentation moyenne des températures planétaires de surface de l'ordre 0,5 °C, (2) une élévation moyenne du niveau de la mer entre 10 et 25 cm et (3) une évolution de certaines conditions extrêmes du climat à l'échelle régionale. Les modèles de prédictions des changements climatiques laissent présager un réchauffement de la planète supérieure à ce qui a été vécu depuis 10 000 ans (Réseau Environnement 1998).

Pour en saisir l'ampleur, des études d'impacts à l'échelle nationale ont été mises de l'avant par le Groupe de recherche en adaptation environnementale d'Environnement Canada sur les volets sociologique, biologique et économique. À plus petite échelle, Biothermica International Inc. sont venus présenter des résultats d'études sur la gestion et la valorisation de biogaz d'un secteur de la région de Montréal montrant un contrôle adéquat et une valorisation du biogaz. Le contrôle des émissions atmosphériques sera d'autant réalisable que des outils informatiques pour le suivi de cette forme de pollution se développent, tels que les logiciels : RETScreen, DÉFI et SIMON, présentés respectivement par Natural Resources Canada, SNC-Lavalin et CANTECH. Les essais effectués avec ces logiciels ont permis de démontrer leur applicabilité sur le terrain et sont appelés à se perfectionner davantage.

En ce qui concerne l'engagement du Canada à réduire de 20 à 30 % les émissions atmosphériques en vertu du Protocole de Kyoto, plusieurs auteurs ont rapporté l'échec prévisible de cet objectif, "si ce n'est l'instauration de puissants incitatifs économiques" a mentionné M. Jean-François Lefebvre du Groupe de recherche appliquée en macroécologie (GRAME). Également, M. Michel Cloghesy, Président du Centre patronal de l'environnement du Québec a affirmé qu'un enjeu important dans l'atteinte de l'objectif résidait dans la ratification du Protocole par les États-Unis, notre plus important partenaire commercial (Nations Unies - Conseil économique et social 1998).

Sites contaminés : un focus sur les eaux souterraines
La décontamination des eaux souterraines occupe de plus en plus l'avant-scène des projets de gestion des sites contaminés. De nombreux outils de protection, de suivi et de contrôle des eaux souterraines ont été présentés. Notamment par son exposé, M. Ramon Aravena de l'Université de Waterloo, a démontré l'intérêt d'utiliser des composés radiomarqués pour faire le suivi de la pollution par les produits chlorés (ex. trichloroéthène utilisé dans l'industrie des produits textiles). Cet outil pourra compléter un procédé d'atténuation naturelle de la nappe phréatique; procédé qui consiste à superviser la destruction intrinsèque des contaminants par les micro-organismes indigènes au site (Ross 1997).

Les modèles mathématiques sont grandement utilisés pour la prédiction du devenir des contaminants dans les matrices d'eau, d'air et de sol. Une équipe de chercheurs de l'Université Laval et de L'INRS-Géoressources de Québec, ont simulé un procédé de récupération de l'essence diesel en milieu poreux par injection de solutions tensioactives. Les expériences ont montré une bonne corrélation entre le modèle mathématique et les résultats de laboratoire permettant d'orienter la technologie pour de futures applications de terrain. Aux Aéroports de Montréal, on a évalué la vulnérabilité spécifique des eaux souterraines sous-jacentes au site aéroportuaire. En modifiant des méthodes d'évaluation existantes, on a pu mesurer les pourcentages de vulnérabilité par secteurs et ainsi, prioriser les actions de protection de la nappe phréatique et orienter le développement des sites du même acabit.

L'utilisation de barrières réactives pour le traitement des eaux souterraines présente plusieurs avantages dont celui d'offrir un traitement passif, c'est-à-dire où le gradient naturel de l'eau permet le passage dans le ''réacteur'' (Figure 1). Des essais à l'échelle de terrain ont été effectués sur des sites contaminés entre autres avec des métaux lourds (cuivre, nickel, plomb) et des produits de l'essence utilisant des barrières réactives composées, par exemple, de compost. Dans la majorité des cas, l'élimination des contaminants cibles était très significative atteignant un niveau d'enlèvement dans les eaux souterraines jusqu'à 99.5 %, tel que rapporté par M. Rick McGregor de Water Technology International.

Avec une troisième édition des plus réussies, Americana, le Salon des technologies environnementales des Amériques, confirme sa position de chef de file mondial dans la diffusion du savoir en matière d'environnement, un défi relevé avec brio par les organisateurs de Réseau Environnement ainsi que Équipe Canada Inc. et le Ministère de l'industrie et du commerce du Québec.

Références

  • Nations Unies - Conseil économique et social (1998). Projet de Protocole à la convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance, relatif aux polluants organiques persistants. Danemark.
  • Réseau Environnement (1998). Déphosphatation chimique. Journées techniques mobiles du Réseau Environnement, Saint-Hilaire, Québec.
  • Ross, N. (1997). L'atténuation naturelle: une alternative aux traitements des sites contaminés. InfraStructures. 2: 19-21.


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