Sécurité dans des conditions extrêmes


Gwladys Fouche, collaboration spéciale
photos : Truls Bekke, Trelleborg, Corbis

 

Au large de la côte gelée de l'île de Sakhaline, au large de la Sibérie, se dresse le résultat d'un incroyable tour de force d'ingénierie qui fournira le pétrole et le gaz essentiels aux économies émergentes d'Asie.

On estime que les installations de Sakhaline produiront 1 milliard de barils de pétrole sur 30 ans, soit l'équivalent de plus d'un an d'exportations russes et ses ventes totales de gaz à l'Europe pendant cinq ans (500 milliards m3).

Pour accéder à ce filon, un consortium de sociétés, dont Shell et Mitsubishi, investit des milliards de dollars dans la construction de plates-formes en mer et d'installations de traitement sur la terre ferme le long de la côte est de Sakhaline. L'extraction de l'or noir n'est pas une tâche facile. "Les champs pétrolifères sont situés dans une zone très difficile. Les risques de tremblements de terre sont élevés, les températures vont de -39°C à +28°C et, l'hiver, des packs de glace viennent s'y écraser", explique Bjørnar Langelo, ingénieur en chef pour la sécurité et la fiabilité chez Aker Kværner, la société norvégienne chargée de construire les structures de base des deux plates-formes de forage.

"C'est un projet qui se trouve à 11 fuseaux horaires de nous. Avec des effectifs provenant de Russie, Norvège, Finlande et d'autres pays, cela a été laborieux de coordonner le travail et d'assurer une communication correcte entre tous. Mais tout le monde s'est démené comme l'aurait fait une équipe unie pour terminer le travail à temps."

L'une des principales difficultés d'Aker Kværner a été de protéger les structures en béton et les conduits de pétrole et de gaz des incendies et des explosions. C'était une priorité particulière en raison du haut niveau d'activité sismique dans la région. "Si un incendie survient sur la plate-forme, il peut se propager dans le puits et endommager la structure", souligne Bjørnar Angelo. Tout comme "une fuite de gaz sur la plate-forme peut pénétrer dans le puits, se mélanger à l'oxygène de l'air et provoquer une explosion."

L'une des solutions sont des joints d'étanchéité "jet-fire". Les joints d'étanchéité retardent le feu, permettant l'évacuation du personnel de la tour de forage. Aker Kværner a fait appel à Trelleborg Viking en Norvège.

"Nous savions par expérience que Trelleborg Viking avait de bonnes idées et beaucoup de bonne volonté, raconte Bjørnar Langelo. L'entreprise est réputée pour être flexible et très coopérative. Elle disposait aussi de solutions techniques efficaces qui ont répondu à toutes les exigences du projet. D'énormes pressions s'exerçaient sur Trelleborg Viking à mesure que les dates limites approchaient. Mais la société a réussi à accomplir sa mission plus rapidement que nous le pensions."

Étanchéités à la rescousse
"C'est le plus grand projet de Trelleborg Viking à ce jour", indique la chef de projet Merete Rønningen à propos du contrat Aker Kværner.

Dans ses installations de Krokstadelva, à 60 km à l'ouest d'Oslo, l'entreprise a conçu et produit 156 garnitures d'étanchéité "jet-fire", d'environ 1 m de haut et 2,5 m de large. "La difficulté était de créer un produit résistant aux incendies et aux explosions tout en étant suffisamment flexible, ajoute Terje Fossesholm, responsable du service projets offshore. D'habitude, les étanchéités "jet-fire" sont conçues pour des mouvements faibles, entre 10 et 50 mm, mais en raison des risques de tremblement de terre à Sakhaline, elles devaient supporter des mouvements de 500 à 600 mm."

La solution est une combinaison unique de polymère renforcé et d'énormément de travail. "Nous avons fait appel à du personnel supplémentaire et avons fait venir des collaborateurs de Trelleborg à Singapour et en Suède", explique Merete Rønningen. L'équipe avait moins de 18 mois pour terminer le projet, les délais étant sans cesse modifiés et devancés.

Enfin, entre mars et juillet, 12 collaborateurs de Trelleborg sont allés en Russie pour installer les garnitures "jet-fire" sur les structures en béton. Les puits sont maintenant en place et attendent d'être reliés à la plate-forme.


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