Le roi perd des kilos

Par Jacques Duval



 

Durant ma longue carrière dans le monde de l’automobile, rares sont les voitures que j’ai croisées qui sont devenues des légendes de l’histoire automobile. Et encore plus rarissimes sont les véhicules utilitaires qui ont accédé au même rang idolâtrique. Le Range Rover fait partie de ceux-là. En effet, le baroudeur britannique fait partie de ces utilitaires d’exception qui sont demeurés, au fil des ans, une référence pour les autres constructeurs.

L’exorde du Range Rover ne date pas d’hier. La première génération, née en 1970, a fait carrière jusqu’en 1994. La seconde mouture a été remplacée par une troisième en 2002 pour finalement aboutir à la quatrième génération en 2013. Au cours des quarante dernières années, le Range Rover a évolué pour le mieux même s’il a connu des années de vaches maigres alors que son géniteur Land Rover a passé près, à maintes occasions, de fermer boutique.


La recette indienne
Après plusieurs changements de propriétaires, l’entrée en scène de Tata Motors a été bénéfique pour la gamme Land Rover qui s’exerce depuis deux ans à présenter des nouveautés. Après le dévoilement du spectaculaire Evoque l’an dernier et la cure de rajeunissement apportée au LR2 cette année, c’est maintenant au Range Rover de bénéficier de la bienfaisance du constructeur indien. Outre son nouveau design et son habitacle plus cossu, la plus notable des améliorations réside dans sa diète miracle qui lui a fait perdre plus de 400 kg. C’est énorme! Soit plus de 15% de son ancienne masse corporelle. Le secret de ce régime hypocalorique est l’usage intensif d’aluminium collé et riveté au lieu de l’acier traditionnel. D’ailleurs, le Range Rover est le premier VUS au monde a reposer sur une structure monocoque tout en aluminium.

En attendant la commercialisation d’un modèle à motorisation hybride, le seul moteur de service est le V8 suralimenté de 5,0 l. Plus tard, un V6 suralimenté de 3,0 l sera inscrit au catalogue. Il est dommage que les moteurs diesel offerts en Europe, un V6 et un V8, ne soient pas offerts chez nous. Les moteurs sont jumelés à une nouvelle transmission automatique à huit vitesses.


Abîmer ses beaux habits
En terrain accidenté, le Range Rover se moquera des pires embûches grâce à son rouage intégral intelligent «Terrain Response II». Ce mécanisme permet de sélectionner différents modes qui ajustent automatiquement les réglages du moteur, de la transmission, des différentiels, de la direction et des suspensions afin d’offrir la meilleure conduite tout-terrain qui soit. De même, un conducteur qui fait preuve de témérité ne sera jamais dans la disgrâce avec les dispositifs d’assistance au freinage en pente, d’assistance au démarrage en côte et de contrôle de stabilité. Un véritable arsenal qui permet d’affronter les sols boueux, enneigé, glacé, rocailleux ou sablonneux. Il est même possible de traverser un torrent d’une profondeur de 90 cm. Seul le gabarit du Range Rover est gênant dans les sentiers étroits. Heureusement, les lignes carrées de la carrosserie permettent de bien évaluer les dimensions du véhicule alors que les caméras latérales facilitent certaines manoeuvres de précision en terrain escarpé et boisé.

Mais entre vous et moi, qui oserait abîmer les jantes, les pare-chocs et la peinture de cette royauté en forêt? Une chose est sûre, le sentiment de sécurité que l’on ressent au volant s’assimile à un état de plénitude sereine.
Mais à quel prix? Payer presque 150 000 $ pour conduire la version huppée «Autobiography» – avec toutes les options – demande un compte en banque bien garni et une personnalité qui ne regarde pas à la dépense puisque les entretiens et le coût des pièces de remplacement sont onéreux.

Les bonnes manières d’une berline
Dans la lignée de ses ancêtres, la présentation de l’habitacle respecte l’aristocratie automobile britannique. À peu de choses près, on se croirait au volant d’une Bentley ou une Rolls-Royce. Tout respire l’opulence et la noblesse : des sièges en cuir oxford souple et odorant aux appliques de boiserie exotiques sur la console et l’intérieur des portières, en passant par le raffinement des plastiques et la douceur de la moquette. Sur la route, l’insonorisation est remarquable pour un VUS et les bruits éoliens sont quasi absents. Quant aux aspérités de la route, elles sont raturées par le bon dosage des amortisseurs.

Somme toute, pour la première fois de son histoire le comportement routier du Range Rover se compare à certaines berlines prestige. Il doit cette agilité à sa perte de poids et la rigidité de son châssis. Le roulis caractériel des anciennes générations appartient désormais au passé. Ainsi, le nouveau Range Rover ne se laisse plus entraîner par sa masse en virage. Il roule à plat et le train avant colle littéralement au bitume.

Néanmoins, il faut être prudent puisque son poids qui dépasse les deux tonnes peut jouer un vilain tour et vous pourriez vous retrouver les quatre fers en l’air!


Fiche Technique Range Rover
Type: utilitaire sport
Moteur: V8 - 5,0 l - 32 soupapes - à compresseur
Puissance: 510 hp @ 6000 tr/min - 461 pi.lb @ 2500 tr/min
Transmission: automatique à 8 rapports
Direction: à crémaillère, assistée
Suspension: av indépendante / arr indépendante
Freins: av disques / arr disques - ABS
Accélérations 0-100 km/h: 5,8 s
 
  Range Rover

Infiniti QX56

Mercedes GL550

Empattement: 292 cm 308 cm 308 cm
Longueur: 500 cm 529 cm 512 cm
Largeur: 222 cm 203 cm 185 cm
Hauteur: 184 cm 193 cm 185 cm
Poids: 2330 kg 2671 kg 2445 kg
Puissance: 510 hp 400 hp 429 hp
Pneus: 225/65R17 225/65R17 215/70R16
Réservoir: 105 l 98 l 100 l
Capacité de remorquage: 3500 kg 3855 kg 3500 kg


© InfraStructures - Tous droits réservés - All rights reserved