L'Explorer nouveau est arrivé !

Par Jacques Duval

L'arrivée sur le marché de la nouvelle génération du Ford Explorer a été retardée à plusieurs reprises. Mais, cette fois, c'est officiel. Le modèle 2002 sera dans les salles de montre dans les premiers mois de 2001. La direction de la compagnie s'est en quelque sorte offerte un cadeau de Noël en dévoilant ce nouveau venu pendant la période des Fêtes. Elle espère que cette cuvée fera rapidement oublier les déboires éprouvés avec le modèle antérieur et ses pneus Firestone de triste mémoire qui ont provoqué ce méga rappel de plus de six millions de pneumatiques.

Si ce rappel a été d'une telle ampleur, c'est que ce tout terrain est le plus populaire non seulement en Amérique mais de toute la planète! En effet, Ford en vend plus de 400 000 unités chaque année et ce, depuis plus d'une décennie.

Il ne faut pas croire aux dons de prémonition de la direction du numéro deux mondial, mais il n'en demeure pas moins qu'on avait décidé de transformer ce modèle du tout au tout bien avant l'embarrassant épisode des pneus défectueux. Les organes mécaniques, l'habitacle et la carrosserie, tout est transformé.

Tout nouveau ?
Une habitabilité supérieure et un comportement général plus ou moins similaire à celui d'une grosse familiale expliquent en bonne partie le succès de l'Explorer auprès des acheteurs. Malgré tout, le train avant était quelques fois rebelle tandis que l'essieu rigide arrière n'était pas toujours à la hauteur sur mauvaise route. Avant toute autre modification, le châssis a été renforcé grâce à l'utilisation de poutres fermées, beaucoup plus rigides. Ensuite, les barres de torsion de la suspension avant ont été remplacées par des ressorts hélicoïdaux afin d'obtenir plus de flexibilité latérale et atténuer les sautillements. À l'arrière, l'essieu rigide a été remplacé par une suspension indépendante dont la conception est très ingénieuse. Le différentiel est fixé au châssis par une traverse tandis que les arbres de couche traversent les longerons. Des bras supérieurs en aluminium viennent diminuer le poids non suspendu. C'est une solution technique très compacte et inédite. En plus d'offrir théoriquement une meilleure tenue de route et une suspension plus confortable, elle permet également d'abaisser le plancher de la soute à bagages.

Les groupes propulseurs ont également été modifiés. Les transmissions manuelle (moteur V6 seulement) et automatique à cinq rapports sont nouvelles tandis que le moteur V6 4 litres produit maintenant 210 chevaux. Le vétuste moteur V8 5 litres est remplacé par le 4,6 de 240 chevaux à arbres à cames en tête et bloc en aluminium. Ce qui devrait permettre à Ford de vendre davantage d'Explorer à moteur V8 compte tenu des qualités mécaniques du 4,6 litres.

Il n'était pas question non plus de conserver l'ancien système de traction intégrale après avoir modifié toute la mécanique, d'autant plus que celui-ci n'était pas particulièrement performant. Le raffinement de l'Explorer s'est poursuivi avec la révision du système "Control Trac". De nouveaux éléments mécaniques ainsi même qu'un module de contrôle électronique réglable permettent au système de répartir plus rapidement et plus efficacement le couple aux roues ayant le plus d'adhérence. De boutons poussoirs remplacent le bouton rotatif et permettent de choisir entre les réglages "4Auto", "4Hi" et "4Lo".

Comme si on avait prévu la débâcle des pneus Firestone et les capotages causés par la défaillance de ces pneumatiques, les ingénieurs ont développé le système "Chapiteau de protection" ou "Safety Canopy" comprenant des rideaux latéraux, des coussins latéraux et frontaux reliés à un détecteur de capotage qui permettra de gonfler ces coussins si les capteurs détectent une inclinaison latérale trop importante. Cette situation semble toutefois improbable si vous équipez votre Explorer du système de stabilité latérale "Advance Trac" qui sera disponible au cours de 2001.

Détail intéressant, en dépit de tout ce qui s'est passé, le nouvel Explorer est toujours équipé en équipement de série de pneus Firestone. Par contre, il est possible de les remplacer sans frais par des produits Goodyear et Michelin.

Discrétion et bonne conduite
Si les ingénieurs ont planché fort pour moderniser et améliorer les éléments mécaniques, les stylistes ont été beaucoup moins audacieux. Il est vrai qu'on tente de conserver le plus possible la silhouette d'un véhicule qui connaît du succès mais, cette fois, c'est beaucoup trop timide. Tandis que les Explorer "Sport" et "Sportrac" ont une présentation plus incisive, le nouvel Explorer quatre portes se contente d'une allure trop bourgeoise et trop générique. En fait, il ressemble à un Expedition en plus petit. Même le tableau de bord, avec son centre de contrôle vertical, semble avoir été inspiré de celui de l' Expedition.

Une bonne note quant à l'ingéniosité de la conception des sièges arrière qui sont articulés. Ce qui permet l'accès à la troisième banquette. Celle-ci ne peut malheureusement être enlevée, mais se replie à plat dans le plancher. Enfin, le hayon arrière comporte une ouverture vitrée indépendante de très grande dimension qui facilite le chargement des objets. Cette configuration est de loin la plus ingénieuse sur le marché et cent fois supérieure à celle d'un battant inférieur et d'un hayon séparé.

Somme toute, la présentation passablement trop pépère ne reflète nullement les multiples améliorations sur le plan technique et mécanique. L'Explorer 2002 est plus confortable, affiche une tenue de route plus prévisible et plus sophistiquée en plus de bénéficier de moteurs nettement mieux adaptés que par le passé. Le V6 est non seulement plus puissant, mais son caractère rugueux a été adouci. Le moteur V8 4,6 litres saura intéresser les personnes prévoyant tracter une remorque. Et sur un terrain boueux et détrempé, j'ai été en mesure de vérifier que le rouage intégral a également pris du galon.

Bien qu'amélioré à tous les points de vue, le nouvel Explorer nous laisse malgré tout sur notre appétit en raison d'une conduite un peu trop mièvre qui semble s'harmoniser avec l'esthétique de "mon'oncle" qui manque nettement de piquant.

Ford avoue avoir voulu donner davantage de qualités "automobiles" à l'Explorer. C'est réussi, mais on lui a insufflé la personnalité d'une Crown Victoria et non pas d'une Mustang. On semble avoir oublié que le premier Explorer est venu remplacer le Bronco II, vétuste mais possédant plus de caractère.

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